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   Belkacem Hadj, alias BOBBY

L'eau du Canal de l'Ourcq a beaucoup coulé sous le pont du même nom depuis que le jeune berger des montagnes de Grande Kabylie entre Tizzi-Ouzou et Ouadhia a pris la décision de rejoindre son père mineur de fond à Lievin en 1963. Devenu apprenti pâtissier en 1966 dans la Maison Cadot de l'impasse Hautpoul dans le 19 éme arrondissement, entreprise aujourd'hui disparue mais qui affichait alors 380 employés et des dizaines de voitures d'expédition, Belkacem se rêvait sur "les planches" et se passionnait d'art dramatique. Et tandis que son admiration pour Bobby Lapointe lui faisait cadeau d'un deuxième prénom, cette garce de "vache enragée" l'arrachait des étoiles et le précipitait dans la plomberie pour quelques années.

En 1986, Bobby rachète les barreaux verts à Francois Frisquet parti prendre sa retraite dans son Auvergne natale après 30 ans de bons et loyaux services à la pointe du pont de l'ours. Le bar-restaurant qui sommeillait presque reprend du poil de la bête avec l'ex-enfant de la balle. La carte des menus s'étoffe, le couscous, la  choucroute et le pot au feu des jeudi font courir le quartier. Sans parler des divines sardines du samedi midi dans leur robe d'épices façonnées par Bobby.

Aux barreaux verts, on pouvait se pourlécher les babines pour quelques ronds, écouter des histoires des uns et des autres, en inventer parfois, y boire un café, un petit blanc ou son cousin le rosé au zinc et bien sûr et à toute heure, le thé à la menthe que le patron faisait mousser comme personne...Bobby a régné avec son éternel sourire et sa ferme gentillesse sur tout un petit monde.Jamais un accroc, jamais de bagarre, d'ennuis ou de souci. Aux Barreaux Verts, on savait rigoler, boire se la ramener, parfois chanter mais on savait se tenir.

Une page d'histoire de notre quartier vient de se tourner. Bobby nous l'avait faite si jolie. Merci L'artiste

Texte : Marie Ange Poyet

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